Le marché du livre en Italie

La crise est passée par là

Tout comme en France, le marché du livre en Italie représente la première source de revenu du secteur culturel. Cependant, les italiens consomment moins de livre et leur curiosité littéraire laisse un peu à désirer. Pourtant des maisons d'éditions comme le grand groupe italien Newton Campton ont lancé des initiatives pour relancer le marché ("la culture à moins d'un euro", en commercialisant des classiques de la littérature en format de poche à 0.99 centimes d'euro) sans que cela ait un grand impact sur la consommation. 
Ce n'est plus une nouvelle pour personne, la crise économique a fait des ravages partout où elle est passée. Le secteur culturel en a largement fait les frais et la situation du marché du livre italien en a beaucoup souffert. 
Déjà depuis quelques années, le livre en général est boudé, les italiens ne lisent plus ou très peu. La situation est plus alarmante encore chez les jeunes qui, à l'heure du 2.0 préfèrent se plonger dans l'univers numérique plutôt que de s'évader dans un roman. Le livre n'attire plus, les librairies ferment et le chiffre d'affaire de ce marché n'est que peu glorieux.
Si l'on s'arrête un peu sur les chiffres, on constate que depuis depuis 2010, le nombre de livres vendus, toutes catégories confondues ne cessent de chuter. Ainsi, les ventes en volumes ont diminué de -7% entre 2011 et 2012 (en 2011, 109 121 livres ont été vendus, en 2012 ce chiffre est tombé à 101 536). En terme de valeur économique, le chiffre d'affaire total du marché du livre en 2011 était de 1 432 506 euros contre 1 320 538 euros en 2012 soit une chute de -7.8%. 
Les livres imprimés ne se vendent plus, les librairies ferment jour après jour. Et l'on observe un changement des habitudes de consommation. Le grand gagnant est de toute évidence le livre numérique qui ne cesse de se développer en Italie. Moins cher, moins encombrant, il est devenu la coqueluche des lecteurs. Le nombre de liseuses vendues est en constante augmentation et le livre numérique est le seul a enregistrer une croissance positive : +1.8% en 2011 et +2% en 2012. Cependant, il n'arrive pas à compenser les pertes enregistrées pour le livre imprimé. En effet, il ne représente pour le moment que 6.4% du marché du livre en 2012 (chiffre tout à fait raisonnable quand on sait qu'en trois ans , les ventes on fait un bond de 44.3%).

Les exportations en baisse

Pour la première fois, les exportations de livres imprimés italiens sont en baisse et les prévisions pour les années à venir ne sont pas positives. En 2012, on enregistre une baisse significative 10% sur les exportations et de 7.5% sur la vente des droits d'auteurs italiens. Bien que les exportations ne représentent qu'un peu plus d'1% du marché du livre italien, cette baisse ne rassure pas les professionnels du secteur qui redoutent le pire pour les années à venir.
Le nombre de livres étrangers traduits en italien sont également en baisse (23% en 2000, 20% en 2012) mais cela n'affecte que très peu le marché, les maisons d'éditions n'étant pas dépendantes de ce segment là.

Changements des habitudes de conosmmation

Les réseaux de vente ont également subis un changement, suite au boom du livre numérique et à l'apparition de la génération 2.0. Les librairies sont de moins en moins fréquentées et le marché sur Internet explose.
En 2008, la part de marché des librairies physiques était de 79%, en 2012 elle n'est plus que de 73% et cette baisse n'es pas prête de s'arrêter. En revanche, les ventes en ligne ne cessent d'augmenter, à tel point que les librairies n'ayant pas à leur disposition un service de vente sur Internet sont menacées de mettre la clef sous la porte. En 2008, les ventes en ligne de livres imprimés représentaient 3% des ventes totales du marché. En 2012, elles représentent 11% du marché (13% si l'on inclut les ventes de livres numériques). Ces résultats sont quasi similaires à ceux réalisés par les grandes surfaces spécialisées (16%).
Les petites librairies indépendantes, qui sont beaucoup moins nombreuses qu'en France se voient dans l'obligation de s'ouvrir à l'ère numérique si elles ne veulent pas disparaître du marché.

Un marché contrôlé par le groupe Mondadori


Le groupe Mondadori est l'une des principales maisons d'édition européennes : le groupe est le leader absolu sur le marché italien en matière de livres et de revues et se positionne à la troisième position en France concernant les magazines. Le groupe est aussi présent sur le marché publicitaire et radiophonique.
Contrôlant plus de 50 sociétés avec un total de 3703 salariés, le groupe Mondadori représente la principale activité du monde de l'édition, de la création des produits à la consommation et de la distribution. En 2012, son chiffre d'affaire a atteint 1.4161 milliards d'euros.
En Italie, le leader du marché du livre et des magazines opère principalement au travers de 4 maisons d'éditions : Edizioni Mondadori, Giulio Einaudi editore, Edizioni Piemme et Sperling & Kupfer.
En France, le groupe est présent depuis 2006, après avoir racheté le groupe Emap France, l'une des plus grandes maisons d'édition spécialisée dans l'édition de magazines .
Dès sa création en 1907, l'objectif du groupe Mondadori a été de favoriser la diffusion de la culture et des idées grâce à une production qui touche tous les genres et s'adresse à tout type de lecteur. Après avoir gagné le monopole du marché italien, le groupe cherche à s'internationaliser à travers les principes qui lui sont propres : le style, la qualité et l'excellence italienne en ce qui concerne la mode, le design et la cuisine.

Pour ce qui est de ses activités en Italie, les deux principaux secteurs du groupe sont les livres et les magazines :
-les livres du groupe représentaient en 2012  27.6% des parts de marché italien. La production couvre tous les secteurs du marché grâce à leur politique commerciale (Trade, qui représente les romans et essais, et Educational, qui regroupe  le livres scolaires, les livres d'art et les livres d'illustration).
-les magazines, eux représentaient la même année 31.1% des parts de marché. Avec sa politique d'internationalisation, le groupe a affirmé son leadership en Italie et commence à s'imposer à l'extérieur notamment avec le rachat du groupe français Emap France.