Le marché du livre italien connait depuis quelques années baisse significative en termes de chiffre d'affaire et la consommation de livre est au plus bas. En 2013, on enregistrait encore une baisse 5.4% par rapport à l'année précédente. Si l'on regarde les chiffres sur les deux dernières années, la chute est encore plus violente : -14% .
Selon le rapport de 2012 de l'AIE (Associazione Italiana Editori ), le marché du livre est au plus bas mais l'on assiste tout de même à l'émergence du livre numérique. En deux ans, le marché de l'e-book a doublé, allant jusqu'à changer les habitudes des consommateurs. Le livre numérique est le seul segment de ce marché à avoir enregistré une croissance positive en 2012. Il représente 6.4% du marché, soit une croissance de 44.3% en moins de trois ans.
En moins de 6 mois, le nombre de titres disponibles sous forme numérique est passé du simple au double. Aujourd'hui, l'on compte 60 598 livres numérique soit 8.3% du marché total, dont la production est réalisée par près de 2 millions d'éditeurs. Le succès rencontré est tel que plus de 45% des nouveaux livres édités sont disponibles aussi en version numérique. La croissance positive de la consommation d'e-book regroupe tant la lecture (+45% de lecteurs ) que les achats (+61.3% par rapport à 2011).
Aujourd'hui, 27% de la population déclare lire davantage depuis que le livre numérique a fait son apparition sur le marché. "Le livre numérique peut être considéré comme une menace ou comme une opportunité." déclare le président de la Commission numérique de l'AIE. "Cependant, comme les chiffres de ce marché se confirment avec le temps, les éditeurs ont du intégrer le livre numérique et toutes les techniques qui le concernent à leur travail, pour ne pas quitter la course". Avec le passage du livre imprimé au livre digitale, c'est tout une filière productive qui évolue. "Le nouveau pouvoir du lecteur est immense" selon Marco Ferrario (BookRepublic). "Le lecteur recherche les livres, les achète, les archive, partage les nouvelles et opinions".
Alors que le livre imprimé favorise la concentration du pouvoir sur les fonctions de sélections, d'éditions, de marketing, de distribution, de ventes directes aux éditeurs, l'e-book en revanche, passe par des structures spécialisées, et parfois même des auteurs aux lecteurs directement mis en relation par des plateformes technologiques de production et de distribution. Les fonctions éditoriales ne sont pas supprimées, mais elles ne sont plus nécessairement contrôlées par les éditeurs, les grands groupes comme Amazon traitrant directement avec les auteurs.
Ce marché qui est en pleine expansion ne détrône pas encore celui du marché du livre imprimé. Mais les opportunités qui se présentent sont nombreuses et méritent d'être exploitées. Le format du livre est modifié à partir du moment où les auteurs savent que le support de ce nouveau format offre aux lecteurs des possibilités nouvelles, inimaginables avec le livre imprimé : possibilité de sélectionner des citations et de les partager directement sur les réseaux sociaux, possibilité d'intégrer des vidéos et autres supports numériques qui au final, n'augmenteront pas les coûts de production.
Le livre numérique offre de nouvelles alternatives aux lecteurs qui recouvrent l'art de la lecture. Les italiens ne lisent plus et l'e-book arrive à point nommé. Mais que penser de ce phénomène qui d'un côté relance la consommation de livre et compte tous les jours de nouveaux adeptes mais qui dans le même temps fait de l'ombre aux librairies indépendantes et n'arrange en rien la consommation de livres imprimés touchés de plein fouet par la crise économique.